clelia guantiero 23 ans Italienne Carabiniers - Lieutenant Contrôle de l'eau 【aqua】
Clelia peut manipuler l’eau lorsqu’elle est sous forme liquide. Elle peut l’attirer à elle ou la repousser, lui faire prendre des formes variées, et j’en passe. Autant dire que Venise et ses innombrables canaux constituent l’environnement idéal pour exercer un tel pouvoir. De nombreuses et longues heures d’entraînement ont été nécessaires pour arriver à la maîtrise –très correcte- que Clelia possède aujourd’hui, cela dit, nul doute que des progrès sont encore possible, que ce soit au niveau de la quantité d’eau manipulée ou de la durée pendant laquelle elle peut exercer son contrôle. Et puis il arrive encore que des bouteilles d’eau (voire des tuyauteries) explosent accidentellement lorsqu’elle est un peu sur les nerfs. Sans parler des effets secondaires : ironiquement, utiliser son alumnus provoque chez elle une soif terrible, généralement suivie par des maux de tête et des accès de fièvre, en clair tous les premiers signes d’une déshydratation…
CARACTÈRE « La plupart des gens commencent à s’imaginer à quoi ressemble une personne à partir du moment où ils entendent son prénom. Allez savoir pourquoi, le mien, Clelia, a tendance à évoquer l’image d’une jeune fille délicate, de bonne composition, avec peut-être un soupçon d’audace et d’originalité (c’est aussi ce qu’il y a écrit sur la règle en plastique estampillée à mon nom –une de celles qu’on trouve dans les carteries et les magasins de souvenirs, je suis certaine que vous visualisez la chose-que j’ai reçu en cadeau de la part d’une lointaine tante). Ce qui m’embête bien, parce que je suis systématiquement obligée de les décevoir. Ils doivent bien se rendre à l’évidence à partir du moment où ils m’ont sous les yeux : pour la délicatesse, on repassera ; le caractère… aussi ; l’audace a tendance à virer à l’insolence, et l’originalité, pas de problème, mais peut-être pas dans le sens où ils l’attendaient. »
Clelia, c’est un drôle de mélange, le genre qu’on ne se risque pas trop à secouer, de crainte qu’il nous explose entre les mains. C’est cette fille blonde qui marche vite, gesticule nerveusement, parle beaucoup et râle encore plus. Clelia a souvent cet air mi- renfrogné, mi- méfiant sur le visage, qui lui donne l’air d’une gamine boudeuse. Et il a été prouvé statistiquement que quand elle ouvre la bouche, une phrase sur deux qui en sort est teintée d’ironie, de sarcasme ou d’insolence, voire les trois à la fois. Le revers de la médaille, le bon, c’est que Clelia a le sens de l’humour, un sourire dont la rareté n’entache pas la radiance, et un rire terriblement communicatif.
Elle est maladroite, Clelia, que ce soit avec les objets ou les gens. Dans les deux cas, elle ne met pas de gant, et souvent, il y a de la casse. Elle les aime bien, pourtant, les gens, elle s’y attache facilement. La réciproque n’est pas toujours vraie, parce que comme l’empathie c’est pas son truc, elle a tendance à mettre les pieds dans le plat. Et puis elle n’est pas très douée pour s’excuser, ni pour exprimer ses émotions d’une manière générale, alors les quiproquos, ça va vite.
Clelia, c’est le genre qui réfléchit lentement –mais pas trop mal- et agit vite. Du fait des vitesses relatives, il arrive qu’elle agisse avant d’avoir réfléchi. Quand on bosse dans la police, ce genre d’inversion peut être fatale, elle s’en est rendu-compte. Heureusement, Clelia est aussi lucide quand à certains de ses défauts, alors elle prévient les gens autour d’elle. « Si vous pensez que je suis sur le point de faire une connerie, vous m’arrêtez, même si je braille et que je vous tape dessus, okay ? ». D’ailleurs, il faut savoir qu’elle a le poing qui part vite, quelques nez en ont déjà fait les frais. D’une manière générale, elle est costaud, Clelia. Enfin, physiquement pas tant que ça, mais psychologiquement, ça oui. A la fois curieuse et lucide, elle voit le monde dans son intégralité -sa laideur comme sa beauté- et l'avale tout entier, le digère méthodiquement. Elle a une capacité d’absorption assez impressionnante, il faut bien ça pour faire son métier. Et puis on peut compter sur elle. Parce qu’elle est profondément intègre, et avant qu’elle devienne méchante, il faut vraiment l’avoir beaucoup cherchée.
Au final, Clelia, c'est un peu un oxymore sur patte, et selon qu'on saisit l'un de ses côtés ou son contraire, on la déteste ou on l'adore. Entre les deux, c'est comme chez elle, il n'y a pas beaucoup de nuances.
HISTOIRE Je me suis souvent imaginé mon père sous la forme d’une statue. Une grandiose, imposante et inaltérable statue de marbre. Il faut dire que pendant les vingt-deux ans que j’ai passés à ses côtés, je n’ai jamais vu son immense silhouette se courber sous le poids de la vie, ou son visage se crisper sous l’effet d’une émotion quelconque. C’était plutôt la vie qui semblait s’incliner devant son autorité naturelle, et les émotions qui s’altéraient au contact de son éternelle impassibilité. A mes yeux, son métier de juge lui allait à merveille. Je ne doutais pas que même les criminels les plus retors se ratatinaient devant lui, littéralement écrasés par sa prestance. Et quoi de plus adapté, pour prononcer une condamnation, que sa voix de stentor ? L’ennui, c’est que dans sa bouche, la moindre phrase prenait des allures de sentence, et en avait généralement la valeur. J’avais essayé deux ou trois fois de lui corriger ce défaut, qui tenait à mon avis de la déformation professionnelle, sans succès, évidemment. C’est pour ça que le jour où il a lâché, au beau milieu du dîner « Tu intègres une école de police l’année prochaine. », j’ai immédiatement su que c’était cuit.
Pour le principe, j’ai quand-même essayé de discuter. Une fois que j’ai eu fini de m’étrangler avec ma salade, j’ai amorcé un ricanement, l’air de ne pas le prendre au sérieux. « Pour une première tentative d’humour, c’est vraiment pas mal, Papa ! » Il a continué de couper son steak, sans même prendre la peine de relever les yeux vers moi. « Sérieusement, c’est pas possible, ils ne voudront jamais de moi. Y’a bien un test d’aptitude, ou quelque chose dans le genre. Avec ma carrure d’asperge anorexique, je serai recalée à coup sûr. » A l’époque, j’étais grande pour mon âge, et parfaitement longiligne ; on aurait dit une gamine de dix ans qu’on aurait étiré démesurément dans le sens de la longueur. « Sans oublier que je ne sais rien faire de mes deux mains. » J’ai agité lesdits appendices devant ses yeux. J’étais dotée de doigts longs et fins, et il n’était pas rare que les gens s’émerveillent devant, avec des exclamations du genre « mais elle a de véritables mains de pianistes ! ». Rien n’était plus éloigné de la réalité. Mon père et moi étions bien placés pour le savoir, lui aussi avait nourri le rêve de faire de moi une musicienne hors-pair, mais ma première et dernière mise en contact avec un instrument de musique avait prouvé que, entre mes mains, même une flûte à bec pouvait devenir un instrument de torture, au sens où peu de tympans survivaient à mon sens inné de la musique. « Personne de sensé ne me mettrait la moindre arme entre les mains, sous peine de devenir responsable du plus grand massacre involontaire de… » « Ton alumnus vaut toutes les armes. Il fait de toi une recrue de choix. Ils te prendront sans arrière-pensée. » « Mon alumnus ne fait que multiplier mon potentiel de catastrophe ambulante par dix ! Je ne peux pas passer devant un verre d’eau sans qu’il se jette sur moi ! Et tout à l’heure, j’ai failli me noyer dans ma douche ! » J’ai entendu ma voix partir dans les aigus. L’alumnus, c’était un sujet sensible. Il était apparu quelques mois auparavant, et me pourrissait la vie depuis. Je provoquais tellement d’inondations intempestives que notre budget en seau et serpillère avait littéralement explosé. Sans parler du gâchis d’eau occasionné. Je craignais sincèrement les représailles du parti écologiste du pays… « Tu apprendras à la maîtriser. » « C’est pas dans ton genre d’être optimiste comme ça. Personnellement, si je survis à ma prochaine douche, je m’estimerai déjà heureuse. » Il s’est arrêté un instant, m’a jeté un regard dans lequel j’ai cru voir passer un éclair d’amusement. « J’ai pensé que tu préférerais ça à la faculté de droit. » Là, c’était un coup bas. Il savait pertinemment que la simple vue du code civil provoquait chez moi un ennui mortel. L’amour de la loi n’était de toute évidence pas héréditaire, à moins que ce soit le fait de côtoyer un magistrat passionné au quotidien qui m’ait, à la longue, dégoûté définitivement de toute cette sphère bureaucrate et paperasseriophile que consistait la justice. Quoiqu’il en soit, j’étais prête à tout pour ne jamais mettre les pieds à la fac’ de droit, et il le savait pertinemment. « Bien sûr que je préfère ça. Mais il y a aussi des centaines de métiers que je préfèrerais à celui de flic, tu sais. Come, je sais pas, cascadeuse, funambule, pilote de chasse, garde-forestière… Même médecin ! » « Médecin ? Impossible. » Je me suis renfrognée, bien que j’aie vaguement conscience que le niveau d’étude nécessaire était loin d’être à ma portée. Il y avait des façons plus subtiles de dire que je n’étais pas à la hauteur. « Ouais, peut-être, mais pas plus que flic. » « Tu es sportive, curieuse et tu possèdes un alumnus exceptionnel. Le métier de Carabinier est fait pour toi, Clelia. » Je le connaissais suffisamment bien pour savoir que la mention de mon prénom en fin de phrase signifiait que la discussion était terminée en ce qui le concernait. Je n’étais pas encore à court d’arguments, mais sachant qu’il ne céderait pas, j’ai préféré finir ma salade en silence, en prenant soin d’afficher mon expression la plus sinistre.
Bien sûr, j’aurais pu me défendre plus que ça. J’aurais pu tempêter, brailler, partir en claquant la porte, entamer une grève de la faim, et j’en passe. J’aurais pu lui faire remarquer que ce n’était pas à lui de choisir mon métier, ni aucune des facettes de mon avenir. Et comme, dans tous les cas, il n’aurait pas cédé, j’aurais pu partir, tout simplement. L’inconnu ne me faisait pas peur, au contraire, il m’attirait terriblement. J’étais persuadée, à l’époque, que j’aurais pu me débrouiller toute seule dans ce monde hasardeux. La seule chose qui m’empêchait de larguer les amarres, c’était mon père. Je ne craignais pas sa colère, ou ses représailles. Tout intimidant qu’il soit, je n’avais jamais eu peur de lui. J’avais terriblement peur, en revanche, de lire un jour dans ses yeux de la déception. Je savais que ce n’était pas facile pour quelqu’un comme lui d’élever seul une fille. Je savais que, pour ne rien arranger, j’étais très loin d’être une gamine facile. J’étais bruyante, maladroite, casse-cou et impulsive. Je provoquais le désespoir chez mes gouvernantes, et la consternation chez les professeurs des établissements scolaires huppés que je fréquentais depuis toute petite. Je n’étais pas doué pour grand-chose, si ce n’est grimper aux arbres, provoquer des catastrophes et m’attirer des ennuis. Je n’étais ni très féminine, ni très studieuse, ni très altruiste. J’étais à des lieues des autres filles de bonne famille que je côtoyais. Pourtant, lorsque mon père me présentait à un collègue ou un supérieur, y compris lorsque je portais un jean troué et un T-shirt délavé alors que la fille dudit collègue me toisait du haut de ses talons aiguilles, engoncée dans un tailleur de chez Chanel, alors même que je faisais figure de vilain petit canard en face d’un cygne aussi hautain que magnifique, il y avait toujours une once de fierté perceptible dans sa voix lorsqu’il disait : « Ma fille, Clelia. ». Et rien ne me faisait autant plaisir. Et en réalité, j’aurais été capable de mourir d’ennui à petit feu en fac’ de droit si ça avait été nécessaire pour que mon père reste fier de m’avoir comme fille. Alors devenir flic, à côté, c’était du gâteau.
*** « Quel âge ? » a sifflé le type qui était dorénavant mon supérieur. « Vingt-deux ans. » j’ai marmonné, sachant pertinemment que la réponse ne lui plairait pas. « Parlez distinctement ! Tenez-vous droite ! Et enlevez ces cheveux de devant votre visage, nom de Dieu, on ne vous apprend plus à vous tenir correctement en école de de police ?! » Je me suis redressée en retenant un soupir, et j’ai coincé mes mèches rebelles derrière mes oreilles. « Vingt-deux ans. » j’ai répété en le regardant dans les yeux. Lui ne s’est pas gêné pour soupirer. « Ils me donnent des gamins en guise de sous-lieutenants, et ils s’attendent à ce que je leur résolve leurs meurtres en un tour de main ! » Je me suis retenu de lui dire que, vu que je venais tout juste d’arriver, son incompétence jusqu’ici n’avait rien à voir avec la jeunesse de ses subordonnés. « Ton nom ? » « Clelia Guantiero. » « Guantiero ? Comme le juge ? » « C’est mon père. » ai-je avoué, sachant ce qui allait suivre. Ça n’a pas loupé : il a émis un vague grognement où il était question de pistonnage. L’ennui, c’est que je pouvais difficilement le contredire. Il était vrai que pour une débutante pas spécialement talentueuse, le fait que j’aie déjà accédé au poste de sous-lieutenant était vaguement suspect. D’autant que le bruit courrait que lorsque mon lieutenant, celui-là même qui me cassait présentement les pieds, prendrait sa retraire –et ce n’était qu’une question de mois- j’hériterais directement de sa position. Non pas que mon père soit du genre à tirer les ficelles pour me faire monter les échelons ; c’étaient plutôt certaines hautes autorités qui avaient tendance à faire du zèle, s’imaginant probablement qu’en favorisant la fille, ils s’attireraient les bonnes grâces du père. Le résultat, c’est que la moitié du personnel de police me traitait avec un vague mépris du fait de mon manque de légitimité, alors que je n’avais rien demandé à personne. J’en avais fait part à mon père. « Prend ça comme une occasion de leur montrer de quoi tu es capable, Clelia. Ils ne pourront plus rien dire si tu leur prouve que tu mérites ton poste. » avait-il répondu. J’aurais bien aimé l’y voir, tiens. En réalité, aucun carabinier, quel que soit son rang, ne pouvait se vanter de son efficacité en ce moment. La série de meurtre ne semblait pas près de s’arrêter, et tout le monde pataugeait joyeusement à la recherche des coupables, ou même d’une petite piste un tant soit peu convaincante. Toute la subtilité consistait à remettre habilement le manque de résultat de son équipe sur le dos d’un de ses collègues, pour éviter d’en prendre pour son grade. Malheureusement, je n’étais pas très douée à ce jeu-là.
Le lieutenant m’a brusquement collé une pile de papiers dans les bras, m’arrachant à mes sombres réflexions. « Tous les rapports des cas sur lesquels nous enquêtons en ce moment. Vous avez une demi-journée pour potasser ça. Soyez prête à prendre part à n’importe quelle des investigations à partir de cet après-midi. » Je l’ai regardé s’éloigner en clopinant ; il souffrait visiblement d’une arthrite sévère au niveau de sa hanche droite. Je me suis ensuite affalée dans mon siège, avant d’étaler les documents sur mon bureau. N’étant pas connue pour ma rapidité, je savais pertinemment que j’aurai à peine le temps de les survoler avant d’être catapultée sur une enquête, la plus délicate, probablement. J’ai ouvert un dossier en soupirant, mais c’était pour la forme. Je sentais déjà ma curiosité se réveiller, et l’excitation me gagner. Je ne l’aurais avoué pour rien au monde, mais flic, au final, c’était pas si mal comme boulot.
*** Le lieutenant a passé sa tête par la porte entrebâillée et braillé dans ma direction : « Guantiero ! Y’a le major en charge de Saint-Marc qui veut te causer. Je te fais transférer l’appel. » J’ai haussé un sourcil tandis qu’il repartait comme il était venu, non sans m’avoir lancé un drôle de regard. J’ai attrapé le téléphone à la première sonnerie. Le type au bout s’est présenté poliment, et a commencé à me parler d’un nouveau meurtre qui avait eu lieu la nuit dernière. Il tournait un peu beaucoup autour du pot, et il y avait dans sa voix une intonation familière qui me mettait mal à l’aise. « Excusez-moi, l’ai-je interrompu, mais est-ce que vous pourriez me dire directement en quoi je peux vous être utile ? Parce que ça vous étonnera peut-être, mais on a pas mal de boulot en ce moment, alors… » « Je pense que vous connaissez la victime. » a-t-il lâché après un instant d’hésitation. « Il faudrait que vous veniez l’identifier. » C’est à ce moment que j’ai compris pourquoi son ton me dérangeait. C’était exactement le même que le mien quand il fallait que j’explique aux proches des victimes que quelqu’un qu’ils aimaient s’était fait assassiner. J’ai senti un frisson descendre le long de ma colonne vertébrale. « Qui est-ce ? La victime ? » « Je… Nous pensons qu’il s’agit de votre père. »
Il faisait un froid de canard dans la morgue, comme toujours, mais ce n’était pas la raison pour laquelle je tremblais. Je fixais le drap blanc depuis cinq bonnes minutes déjà, sans parvenir ne serait-ce qu’à remuer le bras. Le médecin légiste était probablement à peine plus vieux que moi, et semblait sincèrement désolé. Alors qu’il allait ouvrir la bouche, probablement pour me proposer gentiment de le soulever à ma place, j’ai attrapé brusquement le drap, et tiré dessus d’un coup sec. J’avais beau m’être préparée mentalement, la vue du visage sans vie de mon père m’a profondément choquée. Je n’avais jamais imaginé que mon père puisse mourir un jour, comme le commun des mortels. Encore moins de la main d’un autre homme. Mon père si robuste, si intimidant, si imperturbable, aurait dû être capable de mettre en fuite même le plus redoutable des assassins. Pourtant il avait été tué comme ces centaines d’autres hommes, de quelques coups de poignards bien placés. Une mort rapide, m’avait-on assuré, certainement dans l’espoir de me consoler. J’ai lâché le drap et murmuré « C’est lui. » avant de sortir en trombe de la morgue. Il était hors de question que je pleure devant des collègues.
*** « Je suis ravi de voir que la mort de votre père n’a pas nui à votre efficacité et votre bon sens. » a déclaré solennellement le major en me remettant mon insigne de lieutenant. Je n’avais rien à redire quant au bon sens, mais en ce qui concernait l’efficacité, je ne sais pas où il l’avait trouvée. Notre équipe piétinait encore et toujours. Je lui ai fait remarquer. « Oui, mais au moins, vous n’avez pas fait de cette enquête une affaire personnelle. Si vous saviez le nombre d’officiers qui sont obsédé par l’idée de venger un de leur proche, au point de perdre tout sens commun… » a-t-il répondu en prenant un air affligé. « Oh, vous n’avez jamais entendu le proverbe qui dit qu’il faut se méfier de l’eau qui dort ? C’est particulièrement adapté dans mon cas, croyez-moi. » ai-je lâché, avant de le remercier pour l’insigne et de le planter dans son bureau.
Il n’avait pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Je n’avais pas redoublé d’efforts pour trouver les responsables de la série de meurtres suite à celui de mon père, pour la bonne raison que j’avais déjà atteint le maximum de mes efforts auparavant. Mais j’avais réalisé à quel point les criminels étaient redoutables. Parce que, je n’en démordais pas, ce n’était pas donné à tout le monde de pouvoir assassiner mon père. Je savais désormais de quoi ils étaient capables. Eux ne savaient probablement rien de moi, et c’était très bien. Ils ne verraient rien venir. J’y mettrais le temps qu’il faudrait, mais je les coincerais, lentement, méthodiquement, à ma manière. C’était d’ores et déjà un bras de fer qui s’était engagé entre les meurtriers et les forces de l’ordre. C’était une question d’endurance, de ténacité. Et il n'y avait pas plus tenace que moi, croyez-moi.
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