Nous avons trouvé le coupable.Aucun sourire, juste un soupire. L’indifférence se lit dans son regard, il ouvre la bouche mais la referme aussitôt. Aucun mot ne pouvait exprimer ce qu’il ressentait. Toujours le même nom, mais personne pour le porter. On devait se
moquer de lui.
*
Le soleil allait bientôt être à son zénith, les ombres commençaient à disparaître et les nuages stationnaient paresseusement dans le ciel, rendant la journée moins chaude, moins étouffante que la veille. Il allait être midi dans cinq minutes, et dans cinq minutes, il sera là. Il passait toujours à cet endroit, à la même heure et quasiment tous les jours, si bien que même lorsqu’il ne venait pas, certain penseront l’avoir vu. Les riverains ne le remarquent pas par simple fait du hasard, ils le voient car ce dernier veut être vu dans ces lieux, à cette heure précisément. C’était un jeu pour lui, un échiquier géant où lui-seul décidait de ce qu’il allait advenir de ses pions. Il menait les gens du bout de la baguette, ou plutôt du katana.
Il n’y a personne sur les quais, du moins elle s’était éloignée de la foule, loin des regards curieux et des oreilles pouvant traîner.
Périmètre sécurité. Elle l’entendait arriver, ses pas étaient quasiment silencieux, mais le vent vibrait, apportant avec lui son parfum si particulier. Elle quitte la ruelle et lui fait face. Même si elle ne pouvait voir son visage, elle le devinait impassible, comme toujours. Peut-être avec un léger rictus, mais sans aucune surprise dans son regard, il ne lui en donnerait pas la satisfaction.
«
Le meurtre de la douzième rue au nord du pont Rialto. Une femme, d’environ la trentaine, blonde, vêtue d’une chemise blanche et d’une jupe rouge, ne possédant aucun alumnus. Heure du décès située entre vingt-trois heures et deux heures du matin. La police a enquêté dessus pendant plusieurs semaines avant de conclure qu’il s’agissait de l’œuvre des Altar Sacrificii. »
Layce marque une pause, et le
regarde droit dans les yeux. Au moindre faux mouvement qu’elle pressentait, sa main était prête à trouver la garde de son katana. Mais ce n’était pas encore le moment, il lui fallait patienter. Ça ne faisait que commencer. Elle pouvait entendre sa respiration lente, il était si proche.
«
Trois mois plus tard, un nouveau cadavre est découvert non loin des quais. Le même scénario, les mêmes indices, et la même conclusion. »
C’était presque magique, de voir comment les pièces du puzzle correspondaient au fur et à mesure qu’ils étaient découverts. L’enquête était sur le point d’être classé, le verdict prononcé. Mais que restait-il pour la famille du disparu ? Rien. Pas même de nom, de vissage à haïr. Personne à pointer du doigt. Personne à blâmer. Un deuil sans fin qui laisserait place à un fort ressentiment d’injustice. La confiance brisée.
Elle reste silencieuse.
C’était pile ou face, un pari insensé où elle était parfaitement consciente qu’elle mettait sa vie en jeu. Elle était dans l’impasse et le temps lui manquait cruellement. Elle aurait pu envisager d’autre possibilité, moins dangereuse mais hormis celle-ci, elle n’en voyait pas d’autre.
Après tout ce temps, pourquoi maintenant ?
Elle mise.
«
Être accusé d’un crime qui n’est pas le sien, quel sentiment est-ce ? »
Elle sourit.