J’aimerais disparaître, là maintenant, tout de suite !
Mais malheureusement ce n’est pas possible.
Dès l’instant où nos regards se sont croisés…
Je suis tombé amoureux d’elle… non je plaisante.
Voilà que la demoiselle m’apostrophe.
Je vais passer un sale quart d’heure.
Quoique… à ma grande surprise, je n’eus pas de longue tirade où elle haussa le ton bien au contraire, elle me signifiait simplement son plaisir de me voir, ce que je comprenais vu que je suis plutôt beau garçon. Oui je plaisante, encore. Bien entendu, tout cela était dit dans une certaine pointe de sarcasme, voire même d’agacement. Je sais que j’exaspère cette femme, elle qui est tellement motivée dans son travail, je me doute bien qu’elle doit prendre un malin plaisir à me choper quand je ne glande rien, pour me remettre dans le droit chemin sans doute. Sauf que je suis très bien comme je suis, je ne risque pas de changer. Cela dit, si elle me colle une enquête, je sens que je vais devoir m’y mettre sérieusement, sinon je vais l’avoir sur le dos pendant longtemps. Elle reprit alors la parole, maniant une nouvelle fois l’ironie avec merveille, même si ça m’agaçait au plus haut point, parce que je savais exactement où elle voulait en venir : va bosser feignasse ! Et c’est alors qu’un certain dossier se retrouva dans ma ligne de mire. Curieux de savoir ce qu’il contenait, je le saisis, non sans écouter attentivement ce que Gaïa avait à me dire. Des pistes qui m’échappent ? Mademoiselle essaye de me vexer dans mon orgueil ? Ça marche.
La suivre dans son bureau ? Oh cool on va faire des trucs cochons ! Non je rigole hein. Non pas que séduire une femme pareille me dérangerait, mais n’oublions pas que c’est ma supérieure directe et je ne me sens pas l’âme de vivre une relation pareille. Celles-ci sont souvent conflictuelles et elles n’apportent jamais rien de bon. Je suivais alors la demoiselle jusqu’à destination. Je m’occupais de la laisser entrer dans un sourire méfiant, avant d’entrer à mon tour pour refermer la porte derrière moi. Et c’est alors que je reprenais enfin la parole :
— Des pistes qui m’échappent ? Je n’ai pas eu vent de ça. Et je ne crois pas cela possible non plus. Cela dit… à en croire les gens qui travaillent ici, tout nous échappe dans cette ville. Mais ce n’est pas totalement faux après tout.
Oui… dans cette ville de nombreuses choses nous échappent. Parfois j’ai cette sensation que nous n’arriverons jamais à résoudre toutes ces affaires, peu importe le talent que chacun possède. Car s’ils existent des personnes douées ici, il en va de même chez notre adversaire. On se livre un affrontement qui dure, depuis longtemps. Peut-être que celui-ci n’aura jamais de fin. Peut-être pas. Personnellement j’aimerais que tout se termine, que je puisse me la couler douce une bonne fois pour toutes. Ne plus avoir ma supérieure sur le dos, le rêve ! Tiens en parlant d’elle. Pourquoi m’a-t-elle convié à venir dans son bureau ? Normalement elle me donne du travail et je dois ensuite me débrouiller pour l’effectuer dans les temps. Mais cette fois elle estime qu’elle doit tenir une conversation avec moi ? Oh, ça éveille ma curiosité ça.
— Pourquoi cette soudaine invitation Gaïa ? Je pouvais tout aussi bien m’emparer du dossier et me charger du reste. Tiens à ce propos.
Je reposais alors ledit dossier sur le bureau de ma supérieure avant de lui lancer un regard interrogatif.
— Je pensais le lire, mais… vous m’avez certainement devancée. Alors… qu’en est-il ? Quelles sont ces fameuses pistes ?
Je préfère entendre sa jolie voix me bercer avec ses tirades plutôt que de lire un dossier plat et ennuyeux. La lecture n’a jamais été mon dada. Maintenant je suis curieux de savoir ce qu’elle a à dire. Très curieux.