Enquête n°27 : Eglise de Santa Maria
Statut : Simple patrouille, officieuse. Rien de bien risqué a priori. Lien avec les homicides incertain.
Détails : Aujourd’hui, l’atmosphère est comme chargée d’électricité. J’ai horreur de cette tension orageuse qui pèse sur Venise. Elle rend les bêtes nerveuses, et les hommes aussi. Elle libère les tempéraments, exalte la méfiance, accentue les doutes et les peurs. Des rumeurs sont nées, quelque part dans les quartiers populaires. Elles se sont propagées plus vite que les nuages ne se sont accumulés dans le ciel. Il y a chez les gens une fébrilité que je sais dangereuse. L’ambiance est propice à la violence, à la haine, même. A ce rythme, l’orage va éclater chez les hommes avant de gagner les cieux. Il faut désamorcer le conflit avant qu’il ne prenne vraiment place. Pour ça, une seule possibilité : aller chercher à l’origine du problème, à la source des rumeurs. Aller fouiner du côté de cette église qui suscite cette attention malsaine. Prouver qu’il n’y a rien. S’il n y’ a réellement rien. Je ne suis pas bien sûre de quelle option préférer. A la longue, j’ai appris qu’il y avait parfois de la fumée sans feu, mais dans ce cas, toujours quelqu’un de mal intentionné à l’origine du subterfuge. Ce qui, à y réfléchir, n’est pas franchement mieux.J’ai attendu la nuit avant de me glisser dans l’église par un soupirail entrouvert. J’aurais sûrement pu y aller en plein jour, en faisant bon usage ma position de lieutenant. Mais il aurait fallu se présenter aux gardes, leur expliquer pourquoi j’étais là, brandir mon badge de police que j’ai fait tomber la veille dans mon café, et qui a depuis perdu de son authenticité, notamment parce que la photo a morflé, et le nom est désormais illisible… Bref, beaucoup de complications pour pas grand-chose. D’autant que si des individus malveillants s’intéressent à l’église, quelle que soit la raison, il est évident qu’ils préféreront agir dans l’ombre.
Il fait presque froid entre les vieilles pierres du lieu sacré, et le silence a quelque chose de dérangeant. Je réalise, tandis que je progresse en rasant les murs, que je n’ai aucune idée de ce que je cherche. Autant commencer par un repérage des lieux. Je bifurque vers la gauche, et, les yeux grands ouverts, l’oreille tendue, j’avance vers ce qui semble constituer la coupole de l’église. La beauté des vitraux, sublimés par la lumière blanche de la lune, me distrait un instant.
Un grincement mécanique me ramène brusquement à la réalité, et une décharge d’adrénaline se répand dans mes veines : quelqu’un est là, mais comme une crétine, je ne l’ai même pas remarqué ! Instinctivement, mon alumnus s’active, et je sens l’eau du bénitier à ma droite frémir. J’espère ne pas avoir à l’utiliser. D’abord parce que je ne sais pas ce que je pourrai faire d’efficace avec un si petit volume, ensuite parce que, j’ai beau ne pas être très croyante, ce serait tout de même le comble de blesser quelqu’un à coup d’eau sacrée.
L’intrus est à l’opposé de l’entrée ou je me trouve. Je m’avance précautionneusement ; je n’ai aucune idée de s’il a remarqué ma présence ou non. Parvenue à quelques mètres, je reconnais –non sans surprise- la silhouette. Durant une seconde, je suis saisie d’un affreux soupçon, que je repousse fermement au fin fond de mon esprit paranoïaque. Pas elle. Impossible. J’avance encore un peu avant de murmurer :
« Capitaine ? »Bien sûr, ce n’est plus d’actualité. Mais je ne l’ai jamais appelée par son prénom, ni même son nom, et je ne trouve pas que le contexte soit propice à ce que je m’y mette. J’ai un moment d’hésitation. Qu’est-on censé dire dans ce genre de situation ? « Bonsoir, comment allez-vous depuis tout ce temps ? » ? « Je suis désolée de ce qui vous est arrivé, et sinon, on peut savoir ce que vous faites là ? » ?
Je finis par ouvrir la bouche, incertaine de ce qui va en sortir.
« Qu’est-ce que c’était que ce bruit ? »Je me crispe moi-même en entendant mon ton froid et impersonnel. Mais ce n’est pas franchement le moment de se laisser distraire. Le garde ne va probablement pas tarder à repasser dans le coin, et qu’il trouve deux intruses, un ex-policière et une actuellement en fonction, ça la foutrait mal.
- Spoiler:
Désolée d'avoir un peu tardé. Ton post était très bien, t'inquiète. De même, s'il y a quoi que ce soit qui te déranges dans le mien, n'hésite pas à me mpotter :3