CLELIA GUANTiERO ft. GABRIELE COLANTONIO
Shtonk. What ? Pas le temps de plus se questionner : un raz-de-marée s'abattit sur les deux protagonistes. Gabriele émit un semblant de « blblbl » entre deux faciales d'eau. L'effet karcher, vous connaissez ? Ca donne un style très... aquatique on va dire. Encore heureux que la canalisation qui venait de péter n'était pas celle des chiottes parce que franchement, v'là l'odeur qu'ils se seraient tapés. Bon en soi, il était un peu fautif du pétage de plomb – littéral, admirez le jeu de mot – de Clelia. Mais bon, aussi à côté, fallait bien qu'elle le contrôle son satané alumnus. Surtout que c'était pas la première fois que ça se produisait.
« Franchement Cle', t'abuses... » souffla-t-il, blasé, pendant que Clelia était dans ses secondes de surprise.
Puis la policière accusa injustement Gabriele d'être l'origine de ce drame industriel. Nooon, jamais encore il n'avait réussi à pousser Clelia dans ces vices-là. A la fois choqué mais aussi assez fier, il ouvrit à moitié la bouche, pour une fois sans voix. Il ne pensait pas que la jeune femme se rabaisserait un jour à jouer dans la même cour que lui. C'était beau, il était presque ému.
Mais venait maintenant la célèbre rechute vers la réalité. Un son métallique trop bien connu des oreilles de Gabriele pointa le bout de son nez : les menottes. De nouveau, il lança un regard qui voulait dire « T'es sérieuse là ? », vraiment pas enclin à se donner aussi facilement à l'ordre et la justice.
Tel le tableau Le Cri d'Edvard Munch, Gabriele plaqua ses mains contre son visage, la bouche en forme de o – ou en cul de poule si vous voulez, et arbora une mine choquée, déconcertée, avec une voix aiguë, à la limite de l'indignation.
« Oh. Mon. Dieu. Cleliaaaa ! Je ne te savais pas de si mauvaise foi ! »
Sans même savoir s'il y avait ou non du monde autour d'eux, Gabriele se retourna du côté de la population, outré, et joua le drame du siècle :
« Avez-vous vu la quenouille ?! USURPATRICE DE LA POLICE ! » beugla-t-il en pointant Clelia du doigt.
Tout était bon pour ne pas finir au commissariat. Pour aujourd'hui, ce n'était vraiment pas une des destinations prévues. Il grimaça intérieurement, puis recula de quelques pas en lançant un regard suspicieux à son « amie ». Gabriele se demandait bien pourquoi elle était autant en rogne. Pas à un seul moment dans sa réflexion il ne s'était dit que c'était certainement du à sa superbe face d'il y a quelques minutes qui avaient pu rendre furax Clelia. Bah oui quoi, elle avait l'habitude, elle n'avait vraiment plus aucune raison de sortir de ses gonds.
Enfin bon, l'heure était au sauve-qui-peut. En effet, Gabriele n'apprenait jamais : à cause de l'humiliation causée un peu plus tôt, il avait désormais un dragon en furie – alias Clelia, mais maintenant qu'il venait de renouveler sa bêtise, les conséquences allaient être encore plus terribles. Dans un élan de « Courage fuyons », le délinquant se mit à cavaler expressément vers le marché.
« Si tu veux me passer les menottes, viens me chercher poulette ! »
Et il se mit à rire, une nouvelle fois. Enfin, ça ressemblait beaucoup plus à un « Bwahahah » d'un petit gamin de huit ans assez fier de sa connerie. La narguer était en fait une joie inégalable. Vous aimez cache-cache ? Voilà une nouvelle map : le marché de Venise. Gabriele se faufila à travers le premier rideau de personnes, ayant laissé derrière lui la policière dont il savait qu'elle allait le poursuivre parce qu'elle était forcément entrée dans une colère noire et qu'il venait surtout de la provoquer dans un cap ou pas cap. Franchement, il n'était pas vraiment sûr de ressortir gagnant de cette partie parce que, mine de rien, avoir le plaisir de l'enfermer au poste de police est une victoire qu'on ne se lasse jamais d'obtenir concernant le cas de Gabriele et faut dire que Clelia est quand même douée pour la course-poursuite.